Les vendanges 2008 prennent fin et peu à peu l'activité se centre au niveau des caves, cuviers et autres chais de vinification. Tout se passe maintenant dans l'intimité des cuves, foudres, muids
et autres barriques, sous l'oeil attentif des vinificateurs.
Le millésime 2008 sera marqué par une faible récolte en volume et ce dans toutes les ré&gions viticoles françaises. En cause, une floraison difficile, des accidents
climatiques (gel, grêle) et une forte pression des maladies.
Pour le Languedoc-Roussillon la qualité des raisins récoltés a été assez bonne. Un bon état sanitaire était au rendez-vous dans la plupart des cas. Sur certaines parcelles
tardives les raisins sont encore sur pieds et cela semble encore "se tenir".
Même s'il est encore un peu tôt pour en juger nous avons dans l'ensemble un bon millésime qui n'arrive certes pas à la hauteur de 2007 mais qui nous promet des vins francs et
probablement d'une belle garde.
Ces résultats plutôt positifs par rapport à l'ensemble du vignoble français ne doivent pas nous faire oublier que quelque chose de grave est en train de se produire dans le
plus grand vignoble de France.
En effet le vignoble du Midi est actuellement menacé par la campagne d'arrachage subventionnée qui continue d'avoir lieu dans tous les vignobles d'Europe, principalement
dans ceux où la crise viticole est la plus ancrée.
On arrache les meilleures vignes.
Au premier abord on peut penser que cette situation est positive. En effet, ce système - basé, il faut le rappeller sur le volontariat - va permettre une meilleure compétitivité des
vignobles en éliminant les vignes les moins qualitatives, qui n'auraient d'ailleurs jamais du être plantées ou qui avaient lieu d'être seulement alors que le Midi était en plein dans la
production de masse d'après guerre.
Ce ne sera pas forcément le cas car les vignes les moins rentbles - puisque la rémunation se fait principalement en fonction du rendement par hectare - sont celles qui sont non issues
de sélection clonale - possédant donc une diversité génétique probablement utile pour l'avenir. En un mot, les vignes arrachées seront parfois meilleures !
C'est, de plus, toujours un échec d'arracher des vignes encore en état de produire et c'est à coup sur une grande tristesse pour le vigneron concerné. On peut ainsi lire dans le
journal La Croix du 13 septembre 2008 le témoignange de cette viticultrice du Minervois : "C'est un crève-coeur. Cela me fait bizarre de recevoir de l'argent pour casser mon outil de travail.
Dans les années 1990, on a recu des primes pour replanter. On a arrêté la production de Carignan, le fameux "gros-rouge", pour un vin de qualité et des cépages nobles... qu'on doit aujourd'hui
arracher !"
Une image de "gros-rouge" à combattre.
Alors s'il est vrai qu'il faudrait éliminer les moins qualitatives, il faut aussi tenir compte de l'effort fait ces dernières années dans le sens de la qualité. Le vignoble du Midi a bien effectué sa mutation mais c'est malheureusement dans l'esprit des consommateurs que l'évolution n'est pas suivie...
C'est sans doutez dans un sens pour répondre à cette image de "gros rouge" et pour faire bouger les esprits les plus récalcitrants que la Cave Coopérative de Gignac a élaboré
une cuvée arborant le fameux diptère et nommée - avec ironée- "Vin de merde - Le Vin des Philosophes".
Et bien vous me croirez ou pas mais les 5 000 bouteilles produites - commercialisées à 7 euros - sont déjà épuisées et la production devrait se poursuivre.
Riez, ce n'est pas drôle....
Source : Le Petit Journal.
Cordialement le Blad.