L'itinéraire qui conduit du péage autoroutier Perpignan-Nord à Tuchan, par le versant sud des Corbières, est l'un de ceux qui permettent de découvrir le mieux l'extrême variété des terroirs du Languedoc-Roussillon. Après Rivesaltes, la route traverse les vignes de plusieurs domaines, avant de grimper dans la garrigue. En débouchant sur la Pas de l'Echelle on découvre le damier de parcelles de la vallée de Vingrau -Tautavel, couronnée par les crêtes dentelées de roches calcaires. C'est sur le plateau de Vingra qu'on quitte le "Pays Catalan" pour s'enfoncer dans le "Pays Cathare".
Avant d'amorçer la descente, un parking permet de faire une halte pour découvrir un autre panorama viticole exceptionnel. En face, leMont Tauch, au pied duquel se blottit Tuchan, entouré par une mosaïque de parcelles. Le village est dominé par l'imposant ensemble de la cave du Mont Tauch où deux grands chantiers sont en cours. Dans la partie adossée à la montagne, de gros engins creusent la roche rouge, tandis que des structures en béton sont en cours de construction sur l'espace dégagé. Des camions évacuent les déblais, d'autres apportent des matériaux de construction.
Mise en cohérance.
Le président Jean-Marc Astruc est satisfait de voir progresser les travaux : " Dans un an, nous aurons terminé tout le chantier et nous pourrons avoir une vision d'ensemble de notre cave dont tous les éléments auront été mis en cohérence. Elle sera dotée d'un nouveau caveau dont l'inauguration est prévue fin juin. Il s'inscrit dans un projet oenotouristique et constituera une vitrine pour nos terroirs. Nous pourrons ainsi nous présenter aux visiteurs. A l'arrière, nous construisons un chai d'élevage pour barriques et bouteilles". Serti dans les contreforts du Mont Tauch, ce chai aux capacités considérables, bénéficiera ainsi naturellement de conditions idéales pour permettre au vin de se bonifier.
Il y a plus de dix ans que la cave a commençé à se moderniser par tranches successives en se dotant d'impressionnantes installations de vinification et d'embouteillage qui lui permettent d'élaborer des cuvées sur mesure. Ainsi par exemple, chaque vigneron peut vinifier sa propre cuve à condition d'apporter au moins 15 tonnes de raisins. Il a aussi la possibilité de s'assoçier à un ou plusieurs voisins.
Le moment de vérité c'est la dégustation à laquelle procède une commission composée de vignerons, de techniciens et de commerciaux. Jean-Marc Astruc en explique le principe : "tous les produits sont dégustés de façon anonyme pour être classés et si le résultat n'est pas à la hauteur, le vin retombe en catégorie inférieure".
La dégustation a le dernier mot.
Les vins sont hiérarchisés en cinq échelons, grands vins, sélection, référence, tradition et générique, qui déterminent la rémunération. "La plus haute sélève à plus du double de celle du générique" précise le président, qui souligne l'intérêt de la démarche : "Nous donnons ainsi aux vignerons la possibilité de s'exprimer et de constater le résultat de leur travail. Au final, la dégustation est essentielle, car c'est à travers elle qu'on peut satisfaire le client quand il ouvre la bouteille".
Dans les Corbières, si la montagne est belle, elle est aussi très exigeante et Jean-Marc Astruc rappelle les défis à relever : "si nous voulons continuer à être vignerons, nous devons être aussi metteurs en marché et pour cela savoir identifier nos produits, afin de leur apporter une valeur ajouter. Nous avions le choix de nous recroqueviller pour laisser passer la tempête annoncer ou développer une stratégie, même si cela comportait des risques. Nous n'avons pas voulu rester au milieu du gué".
La traversée a demandé beaucoup d'efforts mais la terre promise est maintenant à portée de main.
Source : L'Indépendant, article de Bernard Rieu.
Cordialement le Blad.