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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 12:00

Au pied de la Montagne Pélee, Christine Oser, de Bischwiller, distille ses idées pour faire de la rhumerie Depaz un site où tourisme rime avec découverte culturelle et convivialité.

Le nouvel essor du site de la rhumerie Depaz à Saint-Pierre, c’est elle. Fourmillant d’idées et animée d’une volonté de fer bien alsacienne, elle a réussi à faire doubler le nombre de visiteurs en deux ans. Pour ce Noël, elle fera même tomber la neige au pied du volcan !

« C’est ma montagne ! » Christine Oser clame haut et fort sa relation toute particulière avec le terrible volcan de Martinique qui, en 1902, a totalement anéanti la ville de Saint-Pierre, appelée jadis le « petit Paris des Antilles ».

Aujourd’hui, plus rien ne témoigne de cette époque faste où Saint-Pierre comptait des théâtres et de riches demeures. C’est pourtant ici, au pied du volcan, que Christine Oser s’est installée il y a sept ans. « Les gens qui vivent ici ont un rapport fabuleux et très particulier avec la montagne. Le matin, au réveil, je me tourne d’abord vers elle. Elle me fascine tant que, lorsque je serai morte, je souhaite que mes cendres soient dispersées sur la ‘’Pelée’’. C’est stipulé dans mon testament. »

« Je suis Française, Martiniquaise, Pierrotine. » Christine Oser affirme son appartenance en mélangeant quelques mots d’alsaciens au créole qu’elle a appris sur place.

Selon une de ses collaboratrices, « elle est comme la montagne, imprévisible, têtue, mais tellement attachante ! »

Fille de militaire, elle a beaucoup vadrouillé avec ses parents. Née en Afrique, elle a toujours eu soif de découverte, capable d’ancrer ses racines n’importe où. Garçon manqué, Christine est une battante. « J’étais infernale dans ma jeunesse, je me battais avec tout le monde, pour tout et pour rien. Je n’ai pas perdu ma grande gueule depuis et ici, on m’appelle la râleuse du Nord-Caraïbe… »

C’est que Christine ne se contente pas de faire son boulot. Ce serait trop facile et la routine l’ennuie. « J’ai besoin de défis. Mais là, je n’ai pas droit à la moindre erreur, reconnaît-elle. On ne me louperait pas ! »

Au « pays moi » (mon pays), elle n’a eu aucun mal à s’adapter. En arrivant à Tartane sur la presqu’île de Caravelle, elle a rempli un panier avec les fruits et légumes de son jardin et s’est assise au bord de la route à 6 h du matin, comme les paysannes de l’île. « Les voitures ont freiné brutalement en me voyant : imaginez, une métropolitaine qui vendait ses légumes comme n’importe quelle paysanne martiniquaise ! Au bout de 2 h, mon panier était vide et tout le monde me connaissait. »

La vie ne s’arrête pas en raison de la crise

Lorsqu’elle a eu assez de l’hôtellerie à Tartane («il n’y avait plus rien à créer »), elle a déposé son CV à la rhumerie Depaz : « En maillot de bain et paréo, puisque j’allais à la plage… Je n’avais pas prévu qu’ils allaient me demander un entretien dans la foulée ! »

Dès son arrivée sur le site elle a dit qu’elle voulait y créer un restaurant. Au bout de six mois de fonctionnement, il était rentabilisé. Rien d’étonnant à ses yeux puisque « Geneviève, la cuisinière, est excellente. Ses frères sont pêcheurs, ses parents agriculteurs alors tous nos produits sont toujours frais. »

Pour l’équipe en place, la réalisation de ce projet était un signe fort : « Les filles voient que les rêves peuvent se réaliser. Je me bats pour montrer aux gens que la vie ne s’arrête pas en raison de la fameuse crise ; qu’il faut travailler dur, certes, mais qu’on y arrive. Qu’il ne faut pas toujours tout attendre du gouvernement fr ançais qui nous apporte déjà un toit. À nous de bâtir les fondations et les murs ! »

Christine Oser se bat : pour le site Depaz, mais aussi pour Saint-Pierre. « J’ai une grande charge de travail, mais une qualité de vie incomparable ! La vie n’est pas plus chère qu’en métropole, à condition de vivre local. » Son poisson vient directement de « son » pêcheur, fruits et légumes poussent dans son jardin créole et elle prépare ses petites décoctions selon les conseils des mamies du club du 3 e âge, qui lui apprennent aussi à zouker. « J’aime cette terre, ce petit caillou qui a tant de visages. Je peux aller à la mer ; 30 km plus loin, c’est le dépaysement total. J’aime les gens du nord, ils râlent mais ils sont authentiques. Il m’arrive de pleurer de bonheur. »

Après le succès du restaurant, Christine a fait réaménager le site entier pour une visite ludique et instructive de la rhumerie.

À force de persuasion, elle a obtenu l’autorisation du propriétaire de faire rénover la belle demeure d’habitation où elle organise mariages et fêtes pour financer les travaux. Elle a mis en place une navette maritime depuis Fort-de-France pour amener les visiteurs à Saint-Pierre et chez Dépaz, organise des marches nocturnes.

Le seul moment où elle est mélancolique, c’est Noël. Pour y remédier, elle a décidé d’organiser cette année un marché de Noël avec des chants, des artisans, des bredalas (qu’elle fait elle-même le soir, après le travail), du foie gras au rhum vieux et… de la neige. « Je fais venir deux canons à neige que je vais dissimuler à côté du bassin à l’arrière de l’habitation. À la fin des chants, les gens vont se retourner et ils verront la neige tomber ! »

Lorsque tout le monde sera parti les yeux pleins de cette magie de Noël et de la neige, Didine, comme l’appellent ses amis créoles, va probablement pleurer : d’épuisement, mais surtout de bonheur.


Ursula Laurent

Source : www.lalsace.fr 

Cordialement le Blad. 

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