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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 14:03

Paysage d'océan, de forêts, de montagnes, la Galice abrite aussi des vignes, des bodegas accueillantes et des personnages rares. Balade au bout de l'Europe.

C'était il y a un an. Un heureux hasard nous avait conduits à la table d'Alfredo, Casa del Navegante, à Vigo. Alfredo était cofondateur de l'association des sommeliers d'Espagne et fondateur de l'association des sommeliers de Galice, dont il avait été le président durant douze ans. Pour accompagner le poulpe et les couteaux que nous avions commandés, il nous avait servi, en carafe, un vin blanc. S'agissait-il d'un bourgogne ? D'un pouilly, peut-être ? Non. C'était un Triskel Ovo. Son cépage : l'albariño, une espèce de raisin autochtone. Alfredo nous apprit que c'était lui qui fabriquait ce vin. Il ajouta que la Galice comptait cinq appellations (Rias Baixas, Ribeiro, Monterrei, Valdeorras, Ribeira Sacra), puis, la langue soudain déliée, nous raconta cette terre d'histoire, la générosité des vignes, les notes florales... A la fin du repas, nous promîmes de revenir pour suivre la route des vins qu'il nous avait si bien contée.

1er juillet 2009. Alfredo nous attend au vignoble, à Arbo. La route pour arriver jusqu'à lui depuis Vigo tient ses promesses. L'océan d'abord, les plages, puis les rochers, gardiens aux formes sculptées par le vent et les embruns. Passé l'embouchure du fleuve Miño, frontière naturelle avec le Portugal, on se tourne vers le ventre de la Galice. Les vignes s'étirent désormais de part et d'autre de la route et des lacets verts du fleuve. Nous arrivons Casa La Almuiña, dans une bastide du XVIIe siècle, où l'on propose des chambres pour la nuit. Comme dans un château viticole français, la maison est encerclée par les 6 hectares de vignes que cultive Alfredo - en Galice, rares sont les grands domaines. Nous sommes accueillis par le cri des paons. Puis par le calme, qui gagne en nous, comme injecté en intraveineuse.

Alfredo surgit. Nous découvrons, dans le soleil de cette fin d'après-midi, une vigne lestée de grappes encore vertes. Le temps s'est arrêté. Nous nous promenons en silence au paradis... jusqu'à la cave. Dans son cellier, Alfredo élève ses vins en fûts de chêne français, dans un réservoir de ciment en forme d'œuf (qui donne son nom et une part de son goût au Triskel Ovo) et dans des réservoirs en acier inoxydable. Il dispose d'une chaîne pour les mettre en bouteilles (44 000 par an). Dégustation : le Triskel offre des arômes floraux ; le Triskel Ovo, assagi par les fûts, révèle de l'abricot. Paris semble si loin.

Nous quittons Alfredo au matin. Direction le Ribeiro. Petit à petit, les vignes se transforment. L'albariño cède la place au treixadura, local aussi, aux pieds plus courts.

Le village de San Clodio est microscopique avec, tout de même, un monastère cistercien du XIIe siècle proposant des chambres luxueuses, des jardins calmes, une piscine. Nous avons rendez-vous pour visiter la Viña Mein, en contrebas de la place centrale. Ce sont les moines venus pour élever le monastère qui apportèrent ici la vigne. Quelque 16 hectares entourent la maison de pierre chaude, où l'on peut faire escale pour la nuit. Nous les observons depuis la terrasse, installés dans des fauteuils douillets, giflés par la beauté du lieu. Le vin d'ici est sec et léger, fleuri encore.

A quelques kilomètres, nous trouvons le domaine de José Luis Cuerda, réalisateur de renom en Espagne. Il nous reçoit, visage bonhomme éclairé d'un large sourire. Sa maison a été construite au XVe siècle, sa vigne grandit autour sur 6 hectares. Nous goû tons son vin, le San Clodio, un mélange de treixadura, godello et albariño. Il parle avec admiration du viticulteur qui soigne sa terre, dit de son vin - qui a reçu un 91 sur 100 au Guide Parker - qu'il est «divertissant pour le palais». A la nuit tombée, un nuage transformiste éclairé par la lune offre un spectacle céleste. Le silence nous enveloppe. Heureux.

Au lendemain, nous accélérons notre course. Nous passons Monterrei, après une halte rapide dans la bodega du styliste Roberto Verino, Terra do Gargalo, dont les murs couverts de photos de mode proposent un curieux mélange des genres.

Pour atteindre O Barco de Valdeorras, nous passons dans la vallée du Sil, un affluent du Miño, traversons par les sous-bois de vastes forêts de chênes et de marronniers. A la bodega Godeval, José Luis, l'œnologue, nous offre une longue promenade dans le vert pâle des vignes. Ici, on produit 60 % de vin blanc et 40 % de vin rouge, composés respectivement de godello et de mencia, des variétés ancestrales réhabilitées grâce à la mise en place, par le ministère de l'Agriculture, d'un programme de réintroduction des vignes locales. Au cœur du domaine, la cave jouxte une église du XIIIe siècle, construite par des moines de l'ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem. Ancrées dans un sol d'ardoise, les vignes plongent loin leurs racines pour trouver les nutriments. Les vins sont plus minéraux, ont plus de corps. Le Cepas Vellas 2007 a été récompensé par une médaille d'or au concours de Bruxelles et obtient chaque année un 92 dans le Guide Parker. Nous déjeunons à la Casa Galaica, dans le village d'O Barco. De loin la meilleure table que nous ayons trouvée : poulpe à la plancha, riz noir aux cèpes, foie gras mi-cuit, glace aux châtaignes... Admirable.

Dernière étape : la Ribeira Sacra. Les vignes, plantées par les Romains en escaliers serrés sur les flancs des montagnes, dégringolent jusqu'au Sil. Vertige. Un rapace survole le vide. Fernando, le propriétaire de la Bodega Algueira, raconte sa rencontre avec cet endroit unique, les vingt-sept ans qu'il a consacrés à la vigne qu'il y a plantée, son vin, façonné chaque année sans concessions, sa recherche de fraîcheur. Deux de ses vins ont obtenu un 95 dans le Guide Parker : son Merenzao 2007, aux notes de noisette et de figue séchée, et son Pizarra de la même année, foulé aux pieds et embouteillé en magnums.


Source : www.lefigaro.fr

Cordialement le Blad.

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