Pink and Brown.

Le printemps fut gris, l'été sera jaune. Ce sera la couleur de la saison, les prévisionnistes de la météo de mode sont formels sur ce point. La tendance est au jaune sous toute s ses coutures, sous toutes ses nuances : bouton d'or, canari, citron, soleil... Et il pourra même tirer vers l'orangé. Voilà qui donnera à cette été millésimme 208 un cîoté furieusement seventies, perspective, ou plutôt rétrospective, dont la seule évocation ferait frémir des milieux vinicoles, lesquels en gardent le souvenir d'une décénnie noire ; que des mauvais numéros ou presque. La mode du jour est à la couleur vive et gaie, car la couleur vit, égaie. Eclaire un quotidien que les faiseurs d'opinion s'emploient à nous dé"crire morne et terne jusqu'au bout des ondes. Ainsi, les marques dictent-elles nos envies en peignants nos vies. L'été dernier, déjà, était rose, qui n'a rien perdu de son éclat. Le rose a un parfum de modenité et de liberté. Il gagne même des territoires jusque-là bichromes, exclusivment occupé par le rouge et le blanc. A Porto, la Maison Croft vient de faire sensation en lançant le premier rosé de l'appellation. Pour que la chose soit bien claire - et elle est avec sa robe ruby légère, rubis brillante - cela s'appelle Croft Pink. C'est bien plus frais qu'un porto, bien plus aromatique qu'un rosé. Cela sent le fruit rouge à plein nez. Ce premier rosé de porto est obtenu par soutirage de jus de raisin rouges puis vinifié comme un blanc.

Le balnc, autre couleur de chaleur. A Brown, à Bordeaux.

Jean-Christophe Mau en a fait unepetite oeuvre d'art. Un composition pleine de personnalité, vive nerveuse et, en même temps, toute en teinte douces, joliment enrobées. Après un 2005 déjà prometteur, le 206 exprime d'abord la minéralité, puis le fruit sec et une agréable tendresse. L'élevage sur lies fines et sous bois bouguignon contribue à l'élégance de la comopsition. Mau, qui acquit Brown en 2005, doit avoir hérité, en sus, d'un don artistique inhérent au domaine. Le château porte le nom de son premier propriétaire, John Lewis Brown, peintre animalier du XIXe siècle, qui à défaut de génie pictural, manifesta une maîtrise certaine des couleurs et des nuances.

Source : Les Echos, article de Jean-Francis Pécresse.

Cordialement le Blad.